Alors que je venais à peine de me réveiller, Etyenne m'emmena immédiatement sur notre petit balcon, il avait soi-disant une excellente raison d'agir ainsi. Il avait toute manière plutôt intérêt à en avoir une bonne, car je n'aimais pas tellement qu'on me réveille aussi brusquement, que ce soit par Etyenne ou une autre personne, c'était pour moi la même chose. Il n'avait pas plus de droits qu'un autre... enfin peut-être un peu mais du moins pas celui-ci ! « Cadeau ! Bicyclette dernier cri, trois vitesses, cadre aluminium, un guidon bien décoré et une belle sonnette. » J'avoue que sur le moment, je n'arrivais qu'à percevoir une silhouette en forme de vélo certes, mais je ne pouvais pas encore discerner la couleur, ni même les petits détails comme le cadre en aluminium, qui selon lui n'est pas négligeable. Pourquoi j'avais le droit à un cadeau au faîte ? Pour que Etyenne m'offre quelque chose et soit aussi enthousiaste c'est certainement qu'il y avait une bonne raison, parce que ça reste toute de même très rare ce genre de petites attentions... et les rôles en cette matinée s'inversait quelque peu. Lui tout excité et content de son cadeau, et moi complètement à l'ouest, encore dans mes rêves. C'était drôle, d'habitude c'était l'inverse... c'était peut-être une journée qui devait être marquée d'une craie rouge ! Ah mais ça y est, je venais de refaire surface et je compris qu'aujourd'hui on était le 10février et c'était mon anniversaire, je fêtais mes vingt ans ! Une bicyclette pour mes dix huit ans, drôle d'idée, mais pas franchement étonnante venant d'Etyenne... « Et tu remarqueras qu'elle est assortie au vert de tes jolis yeux. » au vert de mes yeux ? Non mais qu'est-ce qu'il avait bien pu boire aujourd'hui ? Je veux bien croire qu'il ne me connaît pas entièrement physiquement -hum je vous passe les détails- mais malgré que ça fait à peine un an qu'on se connaissait, j'estime qu'il doit être au courant de ma couleur des yeux ! Ben oui je suis même persuadée qu'il connaît ma taille de sous-vêtement alors bon c'est pour vous dire ! (en même temps ce n'est pas bien compliqué, étant donné que l'on habite dans le même appartement, il n'a qu'à ouvrir mon placard et y prendre un soutient gorge et regarder la taille, rien de plus compliqué... ah oui c'est vrai, pour les yeux c'est un peu plus compliqué... ce n'est pas marqué dans les livres... mais bon, son manque d'attention me fit sourire quand même... « Mes yeux sont marrons ! » il afficha à son tour un sourire satisfait, à croire qu'il l'avait fait exprès, il avait toujours réponse à tout. « Oui mais tu vas rouler tellement vite que personne ne le remarquera. Elle est à toi Keth, amuse-toi bien ! » J'arquai un sourcil. Merde, je ne lui avais donc jamais dis que j'avais jamais appris à pédaler, punaise j'en avais encore des choses à lui dire et pourtant il en savait déjà des tonnes ! Moi aussi d'ailleurs, mais c'est vrai que l'on ne sait jamais la totalité... les choses aussi puériles faut dire, on n'y pense pas forcement... « Qu'est-ce qui ne va pas ? » Merde, ça se voyait tant que ça que je faisais la gueule ? Non je n'étais pas déçue, mais bon, j'étais presque gênée, alors que ce n'est pas dans mes habitudes... il s'était tellement donné pour emballer ce beau vélo que j'en étais presque malade... mais bon, de toute manière, avec Etyenne on se disait tout et puis je pouvais difficilement lui mentir, il ne manquerait plus qu'il me demande d'en faire un tour et là ça serait la cerise sur le gâteau! « Je sais pas en faire, j'ai jamais appris ! » Il me regarda, au début je crois qu'il a pensé que je rigolais, que c'était une blague. C'est vrai ça, tout le monde sait faire du vélo, c'est juste une évidence... mais après quelques secondes, il comprit enfin que j'étais sérieuse et que je commençais déjà à flipper rien qu'à l'idée de voir une bicyclette dans mon salon ! Il explosa de rire, je crois qu'il se foutait royalement de ma gueule, mais bon, c'était habituelle ! « Non mais tu m'impressionneras toujours... » M'ouai s'il le disait... je ne trouvais pas cette nouvelle très impressionnante, mais tant mieux si ça lui faisait cet effet... il rajouta aussitôt, comme si parlais à sa gamine de trois ans ; « J'irais acheter deux petites roues demain ma chérie, tu l'auras ta bicyclette à trois roues ! » Qu'il était con ! Je ne pus m'empêcher de rire, puis forcément, pour le remercier ; je le pris dans mes bras. Heureusement que je l'avais ce fameux Etyenne quand même !

« Etyenne ! » Je sortais de mon cours de philosophie qui clôturait ma journée, et Etyenne m'attendait à la porte, nous faisions toujours le chemin ensemble, nous habitions à trois maisons l'un de l'autre. Etyenne c'était mon meilleur ami, et peut-être bien plus, mais ça je n'en savais rien, enfin je ne voulais pas le savoir. « ETYENNE !!! » Comme d'habitude il était sur son portable, certainement entrain d'envoyer un message à une nana, ou un pote enfin plutôt une nana, bref ça ne me regardait pas... enfin si un peu quand même! ...Il releva la tête voyant que j'insistais, il remarqua que j'étais sérieuse, « oui...quoi ?! » Oh putain ce qu'il pouvait être chiant quand il prenait son air de je-m'en-foutisme. Tant pis j'allais quand même lui poser ma question, je verrais bien sa réaction... si jamais il en a une spéciale... « Tu me vois comment dans quinze ans ? » Ah ben ça le fit réagir, il me regarda de haut en bas comme-ci il ne me connaissait pas déjà assez. Mon corps il l'avait déjà vu sans vêtement... la dernière fois ça remontait à deux semaines il n'avait certainement pas du perdre la mémoire pendant cette période, ou alors c'était inquiétant. Dans quinze ans... j'aurais (hum 20+15=35) trente cinq ans ! Au couillon ça fait vieux tout ça, finalement je suis bien avec mes vingt deux balais. Après un instant de réflexion, nous étions en train de descendre les escaliers du lycée il s'exclama : « Ridée, avec du bide car tu auras eu deux enfants, et de la cellulite sur les fesses ! » Oh putain je vais le frapper ! Mais merde il avait rien compris, je ne demandais pas physiquement, mais plutôt professionnellement, quelle tâche ! Olala, s'il se croyait drôle en plus il m'avait presque vexé... il m'avait vexé ! « Mais non pas ça... » C'était plus fort que moi, je me suis arrêtée, je les regardais, j'ai soulevé mon t-shirt, j'ai regardé mon ventre. Sayé j'étais complexée à cause de lui ! Il avait tout gagné ! « Du ventre ? Et de la cellulite ? T'es sérieux là ? Non mais toi tu crois quoi ? Tu pourras même plus bander alors t'emballes pas trop ! » Oui je crois que j'étais pas très aimable, mais bon en disant ça, Etyenne savait pertinemment que ça n'allait pas passer crème, et puis quoi encore ! Ça le fit sourire, visiblement il le prit au troisième degrés, Bon forcément, son rire était assez communicatif et même si intérieurement je m'étais promise de lui faire la gueule au moins jusqu'à la fin des escalier j'ai pas réussis. Heureusement qu'il était beau sinon ça ne passerait pas. « C'est bon je rigole !! » Ouai t'excuse pas plus surtout, tss. « Ben professionnellement je veux dire, tu me vois experte comptable par exemple ?! » Je souris, je savais qu'il me disait sans cesse que je serais jamais comptable, car je savais à peine calculer 1+1. Il eut la même réaction que moi. Nous sortons enfin du lycée et on était entrain de se diriger vers la banlieue à quelques mètres du lycée. « Par pitié, tu ne vas pas me faire chier avec ton orientation ! » Je crois qu'il en avait réellement marre je lui faisais le même cinéma à chaque fin des cours, mais j'aimais bien l'embêter d'habitude je le faisais exprès, mais là j'étais sérieuse, je devais rentrer mes vœux ce soir dernier délai et je n'avais rien en tête, je ne savais pas quoi mettre, et s'il ne me disait pas un truc maintenant tout de suite je prends une année sabbatique ! « Infirmière ! » Il marqua un temps d'arrêt. Sur le moment je n'ai pas compris... il ne m'avait encore jamais parlé de ça, la médecine, et tout le bazar, merde c'était quoi ce nouveau projet ?! Infirmière ? J'attendais des explications. « Infirmière oui ! T'aimes pas la routine, ben là les patients ce ne sera jamais les mêmes... t'es serviable, drôle et ambitieuse. Mais bon la médecine c'est pas possible tu supportes pas la compétition ! » Oh mais comment il me connaissait par cœur. Je ne savais pas vraiment répondre, je réfléchissais. Infirmière, c'est vrai que je n'y avais jamais réellement pensé... et ça pouvait me correspondre... mais attendez, je partais sur un coup de tête ? Oh mon dieu que m'arrivait-il ? Oh et puis merde ! Après tout j'avais plus le choix, j'avais confiance en Etyenne, j'allais passer les concours ! « Etyenne... merci ! » Je n'avais rien d'autre à ajouter. Merci. J'étais heureuse et contente de l'avoir à mes côtés. Je crois que j'étais même jalouse qu'il aille voir ailleurs de temps en temps, je le voulais que pour moi mais ça je n'allais pas lui avouer... si seulement je savais que c'était réciproque... si seulement je pouvais imaginer le mal que ça lui faisait de me voir avec un autre mec... si seulement je savais tout ça, j'arrêterais mes conneries et je crois que je me contenterais de lui... mais je sais rien et lui non plus... « Ah ouai c'est comme ça que tu me remercies ? Je te trace ton avenir et toi... toi, tu me tapes dans la main ! » ahahaha mais faut être patient, j'avais pas entièrement terminé. Je posa mes mains sur ses joues et lui déposa un doux baiser sur ses lèvres, on était en plein milieu de la route. Je crois qu'il était plus satisfait, et moi de même. Je lui fis un dernier sourire, puis je partis chez moi... infirmière ! J'allais devenir infirmière !

« mademoiselle vous voulez pas qu'on fasse l'amour ? » Je venais de rentrer dans la chambre de Lukas Marshall, l'un de mes premiers patients d'ailleurs. En effet, cela faisait maintenant un an que je travaillais dans l'hôpital, et il était déjà là à mes tout début. Il est d'ailleurs toujours là, souffrant de la mucoviscidose, il est difficile d'envisager une autre solution que l'assistance des machines... J'étais à peine dans la chambre donc, que ce dernier m'adressa la parole... ça faisait un an jour pour jour que je passais au moins une fois par semaine pour lui donner ses médicaments (entre autre des autres infirmières évidemment, ça n'était pas mon patient attitré) et ce n'est qu'aujourd'hui qu'il décida de me parler... enfin me soumettre une proposition plutôt ! « pardon ? » J'avoue que sur le moment, je me suis retenue pour ne pas exploser de rire, j'étais loin d'être choquée par sa réflexion, et d'ailleurs s'il me la faisait, c'est bien parce qu'il avait pu m'examiner, et qu'il se doutait de ma réponse, mais bon, je m'attendais pas réellement à cette première phrase pour une première discussion. Pourquoi pas. « faîtes pas l’innocente, vous comme moi, nous savons très bien que j'en ai plus pour très longtemps, alors vous pouvez bien faire ça ! » Non mais ça va, il n'était pas gêné lui ?! Je n'avais aucun compte à lui rendre, et ce n'était pas qu'un service qu'il me demandait, je voyais ça plutôt comme un défi, il était tombé sur la bonne personne, j'avais terriblement de mal à refuser des défis. Mais j'allais quand même chercher à comprendre... « vous êtes sérieux? » il me regarda avec un sourire en coin. Il avait donc l'air très sérieux. « oh pitié arrêtez de me vouvoyer, vous me vieillissez de vingt ans ! » Fallait peut-être pas exagérer non plus. J'avais pris pour vouvoyer mes patients, qu'ils soient âgés ou jeunes tout simplement. En ce qui concerne les enfants... je m'en charge pas, donc ça résout le problème. Les enfants, ce n'est pas mon truc, je n'ai jamais réussis à me faire aimer au près d'eux en plus, je ne dois pas être assez patiente... « t'es sérieux ? » « je crois oui ! » « non mais t'es un grand malade toi ! » « sans blague, vous m'apprenez rien ! » « Au faite je ne suis pas mademoiselle pour les prochaines fois, mais Keth » « et puis tu peux me tutoyer ! » autant mettre les points sur les "i". A présent, nous étions devenu un petit peu plus intime. Que vous le voulez ou non. « Enchanté. J'attends ta réponse Keth ! » « tu sais très bien que c'est dans l'absolu impossible, t'es branché de partout et il y a trois médecins qui passent par ici à la minute et ce n'est qu'un minimum ! » « allons dans la salle verte... » la salle verte ? Je n'allais pas lui dire, mais j'avoue que faire l'amour dans cette salle au milieu des tasses de café et des blouses blanches avait toujours été mon plus grand fantasme... « j'ai toujours voulu la visiter en plus ! » Qu'il pouvait être convainquant, bordel c'était impressionnant. Je n'étais pas du genre à céder aussi vite pourtant, il allait le savoir. « On peut pas te brancher là-bas, alors laisse tomber ! » « Arrêtes de me prendre pour un malade s'il te plaît, et tu sais très bien qu... » je ne lui laissa pas le temps de terminer sa phrase, et enchaîne aussitôt. Je venais de prendre ma décision. « Okay okay c'est bon ! Pas plus de vingt minutes, tu connais les règles... » « oui je sais, interdiction d'être débranché plus de vingt minutes, tu crois qu'on me le dit pas assez ? » Tout en l'aidant à se relever, je commençais à le débrancher, le laissant à présent respirer par lui même. La tâche était assez difficile, surtout que mine de rien, il allait commettre un effort physique, sans parler du reste. Mais c'était son souhait, et pour moi c'était presque un fantasme qui allait se réaliser. « Bon allez grouille le décompte est lancé ! » Tiens j'allais en profiter pour faire du chantage. « ah par contre, en échange je t'inscris sur la liste d'attente de greffe ! » en effet, le jeune homme est malade depuis son tout jeune âge, mais n'a jamais été inscrit sur une liste de don d'organe, pour la simple et bonne raison, qu'il en est hors de question selon lui, à croire qu'il ne veut pas guérir, pas comme ça du moins... mais à présent, son état ne lui laisse plus quelques jours, mois à vivre pas plus, et si seulement il acceptait de mettre son nom sur une liste interminable, il serait à coup sûr en haut de l'affiche, et les premiers poumons de disponible seraient pour lui très certainement... malheureusement il n'était pas encore décidé... « m'ouai on verra, on n'a pas le temps à ça pour le moment ! » Non c'est sûr, il nous restait déjà plus que quinze minutes.

« top chrono ! C'est fini Lukas, je te remonte ! » l'acte venait de se faire, et pour ne pas prendre la grosse tête ou quoi que ce soit, ça c'était réellement bien passé. Pour tout vous dire, j'ai pris mon pied comme jamais, et je crois que ça avait été réciproque. Espérons que les autres médecins n'aient rien entendu... ahaha. « Lukas ?! LUKAS !! » Putain il dormait. Ah non, il était juste fatigué, ce qui est tout à fait normal, dû à la maladie qu'il endurait. Il voulait pourtant pas me le faire savoir, je respectais énormément ce jeune homme, il a une force mentale incomparable. Je pense que de toute manière cette maladie forge le caractère, et le mental surtout. Toute maladie tu me diras. « Merci Keth... merci ! » Je souris, bêtement en réponse à ses remerciements. « montes sur le fauteuil allez, on va se faire griller ! » Mais je mis vite fin à toutes ses jolies paroles, je devais immédiatement ramener Lukas dans sa chambre, si cette euphorie ne voulait pas se transformer en drame, si vous voyez ce que je voulais dire. Bien que déçu, Lukas ne me contredit pas, il savait bien mieux que moi ce qui l'attendait si on ne le mettait pas sous oxygène dans la minute qui suivait...« C'était peut-être ma dernière fois ! Mémorable ! » « dis pas de conneries, tu sais très bien que si tu t'inscris sur la liste pour une greffe vu ton état tu es prioritaire à pleins d'autres ! » j'en profite pour remettre le sujet sur table! « Je veux pas, je veux suivre mon destin ! » je venais de le rebrancher, je lui déposa un baiser dans le coup. Je le connaissais seulement depuis à peine quelques heures, mais déjà mon coeur s'emballait, comme une sensation de frissonnement rien qu'à l'écouter. Je crois que je ressentais ce sentiment que je n'avais encore jamais eu l'amour... c'est peut-être pour ça que je ne reconnais pas ce sentiment, c'était tout nouveau pour moi... « pfff tu me saoules, j'y vais je te laisse ! » « on remet ça demain ? » « Si je suis encore là ?! » punaise, ce qu'il pouvait être pessimiste parfois... « mais bien sûr que oui ! » je marquai un temps d'arrêt... « qu'on remette ça? » même moi je ne savais pas pourquoi j'avais répondu ça... peut-être pour les deux ! « non que tu sois encore là ! » « ah c'est nul ! » Je sortais de la chambre, mais j'allais pas tarder à revenir, prendre de ses nouvelles, il était à présent devenu mon patient. Le mien, et à personne d'autres.

Je venais de l'avoir ce fameux appel, celui que j'attendais depuis des jours et des jours, voire même des mois, celui qui pourrait changer ma vie, ma routine, et surtout celle de mon patient, de mon Lukas, de ma moitié.« Lukas, j'ai une excellente nouvelle ! » Je devais le lui dire au plus vite, j'étais tellement excitée, et à la fois touchée, je devais le lui dire, mais je savais que ça ne lui ferait pas plaisir; pas immédiatement du moins « tu vas te marier ? » qu'il était drôle ! « Me marier ? Avec toi un jour mais c'est pas ça ma nouvelle ! » « dans tes rêves ! » « bon je t'écoute ! » je me suis assise sur le bord de son lit, Lukas était terriblement fatigué, je devais faire vite, ces derniers temps, rien qu'une discussion de plus de dix minutes le fatiguait, et l'essouflé comme pas possible. Il devenait de plus en plus faible, et sa fin approchait à grande vitesse... je crois qu'il était très effrayé, mais malgré mes nombreuses tentatives pour lui faire lâcher le morceau, jamais il ne me l'a dit... et pourtant, depuis trois quatre mois voire plus, je passe toutes les heures dans sa chambre, je crois que je ne pouvais plus me passer de lui... et réciproquement. «  Tu as des poumons! » je savais que ça allait faire un flop! « oui merci je le sais, ils sont d'ailleurs presque morts mais bon ils sont toujours bien là ! » « Mais non imbécile ! Des poumons tout beaux, tout neufs, tout pleins de vie ! » Aïe, vu sa tête, s'il avait pu le faire, je me serais prise une baffe! « Qu'est-ce que tu racontes ?! » « Mais putain Lukas fais pas le naïf merde ! Ils sont pour toi, tu viens d'être appelé pour la greffe ! » « je me suis jamais inscrit sur cette putain de liste tu le sais très bien ! » ah oui ça je le sais très bien oui! « c'est moi qui l'ai fait ! » « je sais tu vas me détester, mais bon au moins tu auras ton propre souffle pour m'insulter à tout va! » « Keth, je rigole pas avec ça... tu sais très bien qu'il y a des personnes qui l'attendent bien plus que moi ! La mort ça me fait pas peur Keth et je veux pas de ce privilège ! » je me devais de lui dire ce que j'avais sur le cœur. « moi ça me fait peur tu entends ?! J'ai peur de te perdre, si tu continues comme ça, je vais me retrouver seule dans pas longtemps, alors s'il te plaît accepte, je sais que tu en as envie, mais tu veux pas l'avouer, tu veux pas profiter de cette opportunité, mais tu ne profitera de rien, c'est tout à fait dans tes droits, si tu as cette greffe c'est parce que tu es à un stade élevé de la maladie et qu'il te faut des poumons de toute urgence ! Évidemment tu peux nier, tu peux refuser cet appel, tu peux dire adieu à ces poumons, et en l’occurrence à ta vie entière, parce que oui, refuser cette greffe c'est mettre un trait sur toutes les autres, tu ne pourras pas revenir sur tes propos, tu ne pourras qu'avoir des regrets ! Alors réfléchis merde ! Réfléchis ! Fais le pour moi au moins! » je ne m'étais encore jamais ouverte à lui je crois, même si un simple regard de nous deux suffisait pour qu'on se comprenne... je venais de le fatiguer, ainsi que de le toucher, mon dieu, j'en avais presque honte, je n'avais pas vraiment pensé qu'il était trop faible pour supporter de telle déclaration... « Keth pourquoi tu me dis ça ? Tu sais très bien que notre relation n'est pas basée sur quelque chose de fondé et que... » « si elle n'est pas basée sur quelque chose comme tu dis c'est tout simplement parce qu'on peut rien prédire ; tous les matins quand je me lève je ne sais même pas si tu as réussis à passer une nouvelle fois la nuit, si tu vas te réveiller, alors s'il te plaît, viens pas me dire que notre relation est basée sur rien ! » « j'ai combien de temps pour donner ma réponse? » « deux heures ! Mais tu peux aussi le dire maintenant si tu ne la veux pas, ça fera un autre heureux plus vite ! » « Keth si je ne t'avais pas rencontré, j'aurais jamais pensé à accepter la greffe... » Je ne sais pas comment je devais le prendre! « tu es en train de me dire que tout aurait été plus simple ? Oui certainement, pour moi aussi, et si j'avais un jour su que je m'attacherais autant à un patient, je ne serais jamais devenu infirmière vois-tu ! Mais on ne sait pas tout dans une vie... ça serait bien trop facile ! » « Il y a des risques lors de l'opération ? » « sur une opération de huit heures, te dire non serait mentir, mais beaucoup moins de risque que tu prends déjà tous les jours à présent... chaque minute qui passent, tu risque de d'étouffer de ne plus avoir de souffle alors viens pas me dire que tu as peur de ça ! » Je venais de sortir un bon argument, c'est vrai après tout. « ce que je ne veux pas Keth, c'est perdre la vie à cause d'une putain d'opération, et par la même occasion faire perdre deux jolis poumons à un autre malade tu entends ? » « Il n'y a aucune raison que ça t'arrive... » je devais le rassurer, et le convaincre au plus vite, avant qu'il s'endorme pour des heures entières. « Et puis on pourra enfin partager plus de vingt minutes ensemble, si tu vois ce que je veux dire... » « t'es vraiment persuasive comme fille mon dieu tu m'énerve ! » je souris en coin, et lui caressa les cheveux. « si tu disais oui maintenant, on pourrait d'ores et déjà préparer la salle d'opération, tu nous ferais gagner du temps Lukas ! » « C'est bon, tu as gagné ! » « ça ne te fais pas plaisir Lukas ? Je veux pas être responsable après, fais comme tu le sens ! » « mais si je le veux bien sûr que je le veux, je rêve de cette vie depuis que j'ai cinq ans, bien sûr que je les veux ces poumons! » J'en avais les larmes aux yeux, je ne voulais pas qu'il le remarque. « Lukas, LUKAAS, respire doucement, ton cœur s'emballe, calme toi, ferme les yeux, repose toi je reviens d'ici quelques minutes... » merde j'avais dépassé le quota de minutes, il commençait à avoir du mal à respirer. Mais par chance, je réussis à le calmer, en me blotissant tout contre lui, tout en continuant de lui faire des caresses dans le cou. Putain je crois que je suis réellement amoureuse, pourvu que l'opération se passe bien. « Je t'aime Lukas, tu as intérêt à t'en sortir! » Évidemment, il n'entendit pas un seul mot de ce qu'elle venait de dire, il était endormi!