Lou avait terminé sa journée. Enfin ! C'était le seul mot qu'elle avait en tête. Elle en avait plus qu'assez de passer sa journée à courir à droite à gauche pour aller chercher une perfusion ou bien une seringue d'insuline. Maintenant, s'en était fini pour aujourd'hui. Du moins, elle avait quelques heures avant de reprendre de bonne heure, et peut être de bonne humeur, demain. Arrivée aux vestiaires, elle ôta sa blouse blanche pour enfiler un débardeur simple, noir, qui mettait ses formes bien en valeur, comme elle aimait être. En sortant des vestiaires, elle remarqua qu'un garçon qu'elle ne connaissait pas, sans doute un visiteur, lorgnait droit sur son décolleté. Elle aimait faire cet effet aux garçons. Elle s'approcha alors du jeune homme, qui semblait avoir à peine dix-huit ans. « Déjà, regarder les décolletés de jeunes femmes inconnues, c'est mal. Ensuite, je suis sûre que je suis bien plus âgée que toi. Et pour finir, si tu veux me revoir, grandis un peu. » dit-elle en souriant, avant de s'éclipser à la suite d'un clin d’œil.
Elle se dirigea alors vers sa voiture, y grimpa, et prit le chemin pour aller rejoindre Colton dans leur appartement. En fait, elle ne savait même pas s'il était là ou non, et elle s'en fichait un peu. La musique allumée, elle pensait à sa longue journée. Elle avait quand même bien rit avec la petite Élise. Cette pauvre petite puce de cinq ans ne vivrait sûrement pas plu de trois ans. Lou sentit une larme coulait le long de sa joue, puis, comme elle était arrivée sur le parking de l'appartement, elle descendit je la voiture avant de monter les étage quatre à quatre. « Colton, tu es là ? » demanda-t-elle. Pas de réponse. Juste un mot sur le frigo. « Je suis sorti, ne m'attends pas. Colton.» Un sourire s'afficha doucement sur le visage de Lou. C'était la première fois depuis qu'elle avait emménager qu'elle se retrouvait seule dans l'appartement. Elle alluma alors la musique et monta le son, sans crainte d'embêter les voisins. Elle se mit debout sur la table basse du salon, attrapa une bouteille de champagne qui trainait, et se mit à danser. « Today I don't feel like doing aaaaanythiiiiing ! » Puis elle s'arrêta deux minutes en apercevant le voyant du répondeur qui clignotait. Elle descendit de son pied d'estale et appuya sur le bouton. « Lou, c'est Chandler. Je suis toute seule chez moi et je m'ennuie, tu pourrais passer m'envoyer deux trois cours s'il te plait. Merci ! » Lou n'allait évidemment pas louper une occasion de sortir, elle posa donc sa bouteille, et attrapa ses clés en claquant la porte.
Montée, dans sa voiture, elle fonça en direction de chez Chandler. Elles étaient amies depuis la fac, et n'avaient pas perdu contact à l'annonce de la maladie de Chandler. Elle était atteinte d'une insuffisance rénale, ce qui l'empêchait de suivre ses cours. Du coup, Lou lui envoyait les cours dont elle n'avait plus l'utilité. Elle arrivait sur le parking, decendit de sa voiture, et monta, puis frappa à la porte de la jolie blonde. « Alors comme ça, tu as encore besoin de moi ? » dit-elle, plein sourire, quand la porte s'ouvrit.

« J'espère que tu te sentiras coupable pendant qu'une fille aux moeurs aussi légères que la tenue se déhanchera devant toi, que tu penseras à moi, seule et abandonnée à mon triste sort. » Chandler n'avait pas pris le ton le plus dramatique qu'il était possible d'avoir. Non, elle n'exagérait jamais rien, surtout pas avec son frère. Joey lui, haussa les épaules devant les plaintes de sa petite soeur, et ne prit même pas la peine de lui répondre. Il savait pertinemment qu'elle jouait la comédie : elle lui disait toujours de sortir et de profiter de la vie, et qu'elle en avait marre de l'avoir dans les pattes. Son souhait s'était éxaucé en ce samedi soir. Ses amis ne l'ayant pas vu depuis un peu trop longtemps l'avaient invité à sortir en boite. Il avait hésité, ne voulant pas laisser sa petite soeur seule vu son état, jusqu'à ce qu'il ne se retrouve assomé de contestations de la part de cette petite tornade blonde. Joe offrit un simple geste de la main à sa soeur puis partit.

La voilà qui était seule. Un samedi. Ca aurait pu être déprimant ou révoltant pour certaines personnes, mais pas pour elle. Elle ne sortait plus vraiment depuis six mois, elle ne tenait jamais le coup. Il fallait dire que ses séances de dialyse l'épuisaient et qu'elle n'était pas capable de faire grand chose autre que de dormir, dormir ou regarder la télé/lire/écouter de la musique allongée quelque part - au choix : lit, transat, canapé, fauteuil. Elle avait lu tous les livres de sa bibliothèque plusieurs fois et connaissait par cœur les répliques des séries Friends - évidemment! - et Urgences, dont elle ne se lassait jamais de regarder les épisodes. Elle avait tellement, tellement hâte de recevoir une greffe de rein. De cette façon elle pourrait récupérer sa vie, qu'elle soit un peu plus normale.

Elle tourna en rond pendant au moins une heure, se demandant quoi regarder, lire ou écouter. Elle entreprit dans un premier temps de faire des cookies, qu'elle pourrait déguster devant un Disney ou un des X-Men. Ceci s'avéra être une véritable catastrophe à en juger par l'odeur de brûlé et la couleur quelque peu noir charbon des soit-disant cookies. Elle n'était définitivement pas douée pour la cuisine. Qu'importe. Elle avait simplement haussé les épaules avant de s'emparer du téléphone et de commander une pizza. C'était ce qui se passait toujours quand elle tentait une expérience culinaire : elle était devenue la cliente la plus fidèle de la pizzeria en bas de la rue. Une fois sa commande passée, elle resta le regard fixée sur le combiné, se demandant si elle devait appeler Lou ou non. Lou était une amie qu'elle avait connu à la fac. Comme Chandler ne pouvait plus suivre les cours, celle-ci lui en apportait des anciens à elle, ce qui lui permettait de s'occuper un peu. Et qui sait, si jamais sa greffe arrivait vite, peut-être qu'elle pourrait reprendre ses études.

On frappa à la porte. Ce bruit ou pour effet de réveiller notre belle blonde qui somnolait légèrement en attendant son amie. Elle l'avait finalement appelée, et était par chance tombée sur elle. Enfin plutôt son répondeur. Lou étant interne, Chandler ne savait jamais quand elle travaillait ou non. C'était trop compliqué à retenir pour elle. Elle se leva d'un bond, un peu trop vite. Elle dû s'arrêter un peu pour reprendre ses esprits - il n'était bon pour personne de se lever à la hâte - avant de continuer un peu plus lentement. Quand elle arriva à la porte et l'ouvrit, elle tomba sur une belle brune rayonnante, qu'elle sera affectueusement dans ses bras. « Ah tu as pu venir! J'avais peur de te déranger, avec ton boulot et tout... » Elle s'écarta pour laisser entrer. « Et oui encore! Je ne peux pas me passer de toi, c'est comme ça. Merci d'être venue en tout cas. »

Chandler semblait très fatiguée, pour ne pas dire complètement épuisée. Sans doute Lou l'avait-elle interrompue pendant une de ses nombreuses petites siestes quotidiennes. Ses cheveux étaient parsemés, et totalement en bataille, quant à ses yeux, ils étaient à peine entre-ouverts. « Eh bien ! J'ai bien l'impression qu'il y en a une qui était au pays des merveilles il n'y a pas trente secondes, je me trompe ? » Même si elle se moquait gentiment, Lou était médecin, enfin presque, et savait très bien la fatigue qu'entrainait une maladie comme celle de son amie. C'est d'ailleurs pour cela qu'elle aimait passé du temps avec elle, pour la réveiller un peu. « Ah tu as pu venir! J'avais peur de te déranger, avec ton boulot et tout... Et oui encore! Je ne peux pas me passer de toi, c'est comme ça. Merci d'être venue en tout cas. » Lou était certaine que Chandler allait dire un idiotie dans ce genre. Comme si elle pouvait la déranger. Elle savait très bien que la jolie brune n'avait rien d'autre à faire, surtout en pleine semaine, et à cette heure ci ! « Ne dis pas de bêtises ! Tu ne me déranges jamais et tu le sais très bien ! Et puis, j'aime l'idée que tu ne puisse pas te passer de moi ! » Puis elle sourit, et entra dans l'appartement.
À peine y avait-elle mis les pieds qu'elle sentit une abominable odeur de brûlée. « Wahou ! À l'avenir, rappelle moi de ne jamais t'inscrire à une émission de cuisine, ce serait un vrai génocide ! Ton prochain cadeau, ça sera "La Cuisine Pour Les Blondes". » Lou se dirigea alors vers la fenêtre, ouvrit les rideaux et la fenêtre en grand pour aérer la pièce. Bien sûr elle plaisantait, enfin pas vraiment sur le fait que son amie était la pire cuisinière du monde. Mais elle aimait beaucoup rire de cela. Elle s'assit alors sur le canapé avant de sortir de son sac les quelques fiches qu'elle avait prise en partant de chez elle. Il y avait des sujets diverses comme "Le fonctionnement du cerveau" ou bien encore "Ce que nous disent les rêves". Enfin bref, des tas de sujets qui passionneraient notre psychologue en herbe. Lou posa les fiches sur la table basse, puis elle regarda Chandler. Cela devait faire un moment qu'elle n'était pas sorti à en voir sa tête. « Andy, qu'est-ce que tu fais de tes journées pour être dans un état pareil ! Regarde toi ! » Lou n'aimait pas voir son amie comme ça. Elle aimerait vraiment que Chandler aille bien et passe outre sa maladie. Qu'elle puisse vivre, rire, aller en boîte, en ville, draguer les garçons, sans avoir à se soucier de cette infection... Et elle ferait n'importe quoi pour y arriver. « Ma belle, il faut vraiment que tu sortes. La semaine prochaine, on va en boîte, toutes les deux ! Et tu as interdiction de refuser, les cours n'étant pas une excuse valable. »