days like these

Les mains croisées sur ses genoux, les draps tirés à ses pieds et le dossier du lit relevé, elle attendait patiemment, son casque audio sur les oreilles, laissant entendre la musique à quiconque l'approcherait. L'infirmière étudiante était encore venue lui faire une visite de contrôle, la cinquième de la journée tandis que les plus vieilles la surveillaient, le sourire moqueur et mesquin aux lèvres. Tinsley l'avait rapidement remarqué et avait était très calme et très coopérante, ce qui avait étonné tout le service. En échange, elle avait eu le droit à une discussion sentimentale, passablement ennuyeuse, de la jeune infirmière. C'était quelque chose qu'elle détestait, entendre les gens se plaindre de leur vie, se plaindre de leur vie sentimentale, de leur vie professionnelle. C'était en quelque sorte, une obsession.

Il y avait un bruit de fond désagréable dans l’hôpital, qui venait d'apparaître. Certainement l'agitation des urgences. Accident de voiture, tragédie domestique, choc cardiaque, en tout cas ça s'activait dans l'étage et sur le parking. Au moins elle allait avoir la paix pendant deux bonnes heures avec tout ce brouhaha. La jeune femme eut alors le réflexe d'augmenter le son de son ipod afin de masquer les bruits alentours. Tout à coup, elle se sentit mal, si mal qu'elle prit l'initiative, non pas de sonner mais d'augmenter sa perfusion de calmant, accélérant ainsi le débit des gouttelettes. Elle ferma alors les yeux, prête à s'endormir au rythme d'une musique douce, valsant sur les côtés de son lit, tandis que ça s'activait toujours dans les couloirs. La jeune infirmière revint peu de temps après afin de lui donner sa dose de médicaments quotidienne. Seulement cette fois, Tinsley ne fut pas aussi tendre avec la jeune et dès qu'elle eut passé le seuil, elle lui lança un regard noir. « Fiches le camp. » « Mais c'est vos médic... » Elle n'eut même pas le temps de finir que la jeune blonde lui balança une boîte de médicaments vide qui l'obligea à fermer la porte pour s'en protéger. Elle ne revint plus jamais de la journée et ce fut l'infirmière habituelle qui lui apporta les pilules. « Il va falloir apprendre à te calmer. » La jeune femme ne répondit rien aux maintes reproches de la vieille infirmière. Personne n'arrivait à la raisonner. Elle n'arrivait simplement pas à accepter sa maladie, à accepter que ça soit elle et pas quelqu'un d'autre, elle qui avait toujours fuit les hôpitaux. Elle tourna les yeux vers la fenêtre, s'obligeant à ne plus regarder le couloir jusqu'à ce qu'une personne ouvre la porte délicatement, armé d'une blouse blanche encore. Mais c'était une belle chevelure blonde qui en dépassa. Avec certitude, Tinsley se hissa dans son fauteuil roulant se postant alors face à la titulaire. « Blue ! C'est pas trop tôt, j'aurais pu mourir dix fois en attendant. » Elle afficha un sourire amical et joviale qui changé de celui narquois et faux.

Les premiers jours dans un nouvel hôpital sont toujours des moments très importants, c’est là que vos nouveaux collègues vous jugent, jugent de votre efficacité et de votre réputation en tant que médecin. Pour l’instant je n’avais pas trop à me plaindre, tout se passé plutôt bien, je m’étais parfaitement intégrée avec le reste de l’équipe, que cela soit avec les infirmiers, les résidents ou encore les internes. Contrairement à mes premières heures en pédiatrie, aujourd’hui je devais avouer que le service était plutôt calme mais je n’allais certainement pas m’en plaindre, cela me laissai un peu de temps pour me familiariser avec les dossiers en cours et de prendre plus de temps avec mes petits patients. Je n’étais pas le genre de médecin à enchainer les patients, je préférai passer du temps avec chacun d’entre eux, quitte à passer plus de temps que prévu à l’hôpital. Toutefois cette après midi là, je n’avais pas l’occasion de m’éterniser sur mes visites, j’avais promis à Tinsley que nous irons faire un tour loin des murs blancs de sa chambre. Cette blondinette doit être la personne que je connais depuis le plus longtemps, jamais je n’aurai pensé la croiser dans cet établissement et pourtant nous avions plus de points communs que n’importe qui. Hormis notre couleur de cheveux, nous avions la même passion c'est-à-dire la danse, d’ailleurs c’était grâce à celle-ci que j’avais fais sa connaissance lors d’un stage durant mon enfance. Malheureusement l’une comme l’autre, nous avions dû tirer un trait sur notre passion pour des motifs différents mais je m’en étais mieux sortie qu’elle bien que cela n’était pas gagné au début. S’il y avait bien une personne qui pouvait la comprendre dans cet hôpital, c’était moi, je savais ce qu’elle pouvait endurer et ressentir et le déni qu’elle éprouvée étant compréhensible ; j’avais vécu le même. Jetant un œil à la pendule qui se trouvée sur le mur près de l’accueil, je pressai le pas afin de ne pas trop la faire attendre. Depuis plusieurs heures j’étais de garde et la fatigue commencée à se faire ressentir ; m’arrêtant à la machine à café, je me pris un cappuccino, j’avais besoin d’une dose de caféine si je ne voulais pas m’écrouler de sommeil.

Franchissant le seul du service dans lequel mon amie était admise, je marchai doucement vers sa chambre, écoutant de loin la discussion de l’infirmière avec elle. Mon habituel sourire sur le visage, j’avançais progressivement vers sa porte avant d’ouvrir celle-ci entrant dans la chambre de Tins’ qui ne tarda pas à grimper dans son fauteuil roulant. « Blue ! C'est pas trop tôt, j'aurais pu mourir dix fois en attendant. » Lui adressant mon plus beau sourire, je m’approchai d’elle afin de lui faire la bise comme à notre habitude. Me retournant vers l’infirmière, je lui tendis la main afin qu’elle me donne le pilulier contenant les médicaments de la blondinette, j’étais plus en mesure de parvenir à lui faire prendre ces cachets qu’elle et l’infirmière s’en était rapidement doutée. « Je m’occupe de lui faire prendre ses médicaments, vous pouvez y aller. » Ne cherchant pas, l’infirmière tourna les talons, nous laissant ainsi seules. Attrapant le verre d’eau posé sur la tablette, je lui tendis celui-ci accompagné de ses pilules. « Désolée ma belle j’étais prise en pédiatrie mais j’ai fais le plus vite possible pour arriver. Mais avant de sortir d’ici, tu prends ça. » La regardant faire tout en lui souriant, je m’asseyais sur son lit en attendant la suite de notre programme qui devait déjà être tout tracé. « Alors, tu as envie d’aller où ? Je te laisse carte blanche pour la destination tant que l’on file très loin de ces murs blancs. »